Petite entreprise familiale limougeaude, Mina Raine est le leader français dans la confection de peignoirs pour coiffeurs. Son principal concurrent ? Le marché chinois.
Quatre couturières, alignées les unes derrière les autres, sont penchées sur leurs machines. Concentrées. Silencieuses. Les gestes sont mécaniques. Elles confectionnent des peignoirs destinés aux salons de coiffure du monde entier. Vingt minutes leur suffisent pour achever un peignoir.
Ce petit atelier de couture, en plein centre de Limoges, appartient à l’entreprise familiale Mina Raine. La seule entreprise française à fabriquer uniquement des peignoirs pour salons de coiffure. « On vend environ mille peignoirs par mois, pour un chiffre d’affaires de 400.000 euros par an », sourit David Robinson, directeur du développement dans l’entreprise. « 30 % de ces ventes sont destinées directement aux coiffeurs. Les 70 % restants sont livrés aux distributeurs. »
Une histoire de famille
Le nom de l’entreprise limougeaude en dit déjà beaucoup sur son histoire. “Mi” sont les deux premières lettres de Micheline. “Na” celles de Nathalie. Ce sont les prénoms respectifs de la grand-mère et de la mère de David Robinson, Raine étant leur nom de famille. Ce sont elles qui ont créé l’entreprise, dans les années 1990, lorsque Nathalie était coiffeuse à Guéret. « À l’époque, elles se distinguaient par l’originalité des peignoirs cousus par ma grand-mère », raconte David Robinson. « Dans les salons de coiffure, les peignoirs étaient tous très sobres. »
Après un passage à Périgueux, ville où est installé le premier distributeur client de l’entreprise, les deux femmes s’installent à Limoges pour se rapprocher de David. Jusqu’en 2013 (lire ci-dessous), Mina Raine vend essentiellement ses produits grâce au bouche-à-oreille. « Elle a participé à de nombreux salons, et faisait du porte-à-porte dans les salons de coiffure », précise David Robinson.
Les deux femmes sont toujours membres de l’entreprise aux 7 salariés. Micheline, 84 ans, s’occupe de faire les colis bénévolement. Quant à Nathalie, 60 ans, elle se charge de déchirer les pièces utilisées pour coudre les peignoirs.
Soigner son image
Le début de la gloire pour Mina Raine. 2013 devient l’année de la structuration. « Jusqu’alors, notre activité marchait bien grâce au bouche à oreille », raconte David Robinson. « Mais nous n’avions pas d’identité commerciale, pas d’image. En attirant les plus gros distributeurs de matériel de coiffure, nous avons été obligés de soigner notre manière de communiquer. »
« Nous aurions bien besoin de deux salariés : une couturière et quelqu’un pour m’épauler dans les tâches administratives et la communication. Malheureusement, notre trésorerie ne nous le permet pas encore. »
David Robinson, 36 ans, s’attelle alors à cette tâche. Il crée un site web et installe Mina Raine sur les réseaux sociaux. « Ils me prennent énormément de temps ! Pour répondre aux messages, c’est sept jours sur sept. »
Clients et fournisseur à l’étranger
Un effort qui paie. « Les réseaux sociaux nous ont permis de vendre à l’international », affirme David Robinson. Russie, Québec, Australie, États-Unis, Irlande ou encore Royaume-Uni : l’entreprise exporte.
Pour les commandes aux États-Unis, le distributeur nous a demandé des peignoirs 5XL. On a dû utiliser toute la largeur du rouleau de tissu !
C’est justement dans le pays d’Outre-Manche que Mina Raine se fournit en matière première. « Nous avons un partenariat avec une société qui fabrique du tissu en polyester spécifiquement pour nous », souffle David Robinson. « C’est du tissu qui ne se froisse pas, ne se décolore pas et qui n’est pas statique. Acheter un tel tissu sur mesure est plus cher, mais c’est une qualité constante garantie. »
Des produits originaux
Une qualité qui permet à l’entreprise limougeaude de proposer une gamme de produits très élargie. « Nous avons cinq tailles, tous les systèmes de fermeture, 14 couleurs et 21 imprimés », affirme David Robinson.
Mina Raine se distingue notamment par des peignoirs aux motifs originaux, comme des imprimés de camouflage similaires à ceux de l’armée. « Ce sont souvent ces produits qui attirent les clients. Pourtant, ils nous achètent à 93 % des peignoirs noirs. Les peignoirs un peu plus originaux sont commandés à l’unité. »
« Hyper personnalisation »
La production à l’unité représente justement une force de l’entreprise. « Les distributeurs n’aiment pas avoir des stocks. Quand ils ont besoin de peignoirs peu utilisés, nous garantissons une hyper personnalisation du produit. Les commandes réalisées à l’étranger, notamment en Chine, s’expédient seulement par lots de 200 ou 500. »
Une bonne raison pour Mina Raine d’encourager le made in France auprès de ses clients. « Nos principaux concurrents sont les entreprises pakistanaises et chinoises, qui produisent en usine et à plus petit prix. Nous envisageons de renforcer cette image made in France en faisant signer les employés sur l’étiquette. »
Bientôt un label national ?
Mina Raine se distingue aussi de la concurrence étrangère en produisant intégralement ses peignoirs à la main. D’où ses tarifs un peu plus élevés. « C’est un véritable savoir-faire, qui nécessite plus de temps », affirme David Robinson.
Un savoir-faire que son entreprise souhaite valoriser et promouvoir à l’international. Mina Raine a en effet déposé une demande pour obtenir le label national “Entreprise du patrimoine vivant”.